Le petit Caderoussier décembre 1925

7 janvier 2019

Décembre 1925

LE PETIT CADEROUSSIER
 
Bulletin Mensuel

Lisez et faites lire Conservez chaque Numéro
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SOCIETE DE LA BONNE PRESS DU MIDI
A VAISON (Vaucluse)

-------------------------------------- VIENNENT DE PARAITRE
J. MERITAN, Archiprêtre d’Orange
 LES TRENTE-DEUX
 MARTYRES D’ORANGE
IIe Edition (illustrée)
Revue augmentée, corrigée, honorée d’une lettre de
Mgr de LLOBET Archevêque Coadjuteur d’Avignon.
Réimpression, enrichie d’une illustration plus abondante, de documents nouveaux, de détails inédits sur la vie des Bienheureuses, et qui complètent heureusement l’édition première.
Livre d’une lecture captivante, fait pour instruire et l’édifier, l’auteur l’a écrit avec son cœur sacerdotal, sa foi agissante plus encore qu’avec la plume.
Aux générations présentes et futures, ces pages seront d’un puissant réconfort pour la lematin défense de leur foi, en même temps qu’elles ajoutent un fleuron de plus aux annales de l’Hagiographie française. En les lisant on se sent doublement fier d’être catholique et français
TABLE DES MATIERE :
Chapitre premier : Les lois persécutrices. – Chapitre II : La Commission populaire d’Orange. – (Etablissement, personnel, procédure. – Chapitre III : Les foyers religieux (Couvents de sacramentaires, ursulines, cisterciennes, bénédictines, de Bollène, Pont-Saint-Esprit, Avignon, Carpentras, Pernes, Sisteron). – Chapitre IV : Les prisons. Le cloître dans le cachot. – Chapitre V : l’Autel et le Sacrifice, (la guillotine et le bourreau, l’ensevelissement, la chapelle de Gabet). – Chapitre VI : La gloire, l’auréole du martyre, les miracles. – La Béatification.
IIe PARTIE : Biographie des Martyres. – Annexes
Broché : 8 fr 50.- Franco : 9 fr 25. – Etranger : 10 fr.
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Béatification des 32 Martyres d’Orange
(Impressions et Souvenirs)
Album-Souvenir consacré aux Fêtes inoubliables de la Béatification qui se sont déroulées d’abord à Rome le 10 Mai 1925, puis à Orange en Juin suivant  ; cette gracieuse brochure fait une suite agréable à l’ouvrage ci-dessus.
Les heureux témoins de ces solennités revivront là, les douces impressions de ces suaves journées et ceux qui n’ont eu le bonheur d’y prendre part y verront de quelle manière l’Eglise honore ses glorieux Enfants.
Ces pages finement illustrées demeureront comme un écho retentissant des splendeurs de la Foi catholique.
L’exemplaire grand in-8° sur papier couché, 4 fr 50
Franco 5 fr. – Etranger 5 fr 50
En Vente à la Bonne Presse du Midi, Macabet Frères
Vaison (Vaucluse)
Chèque Postal 48-89, Marseille -----------------------------------------------------

Le Petit Caderoussier
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 Caderousse 10 Novembre 1925
Mes chers Paroissiens,
L’ignorance Religieuse est un fait qui remonte à quarante ans. Plus on a poussé à l’instruction, plus cette ignorance s’est accrue. L’instruction laïque a peu à peu détourné de l’instruction religieuse  ; celle-ci est allée en sens inverse de celle-là. Il y a quarante ans, la plupart de nos campagnes du midi, même celles où l’on savait à peine lire, possédaient une petite bibliothèque, dans laquelle figuraient avec honneur le catéchisme, l’histoire Saints, l’Imitation de Jésus-Christ, la Vie des Saints et quelques manuel élémentaires de doctrine religieuse. Les dimanches, les jours de fête, l’hiver à la veillée, le lecteur de la famille prenait l’un de ces livres. On se groupait autour de lui  ; il lisait pour tous. Le père et la mère, de temps en temps, donnaient des explications d’après ce qu’ils avaient appris de leurs anciens, de leurs maîtres ou de leurs curés. Et puis, tous se pressaient pour entendre, dans l’église, la parole de Dieu. Catéchismes de persévérance, prônes, sermons, retraites en missions, réunissaient, toujours, tous les paroissiens valides autour de la chaire de vérité. Aussi, malgré le défaut d’instruction, on arrivait à bien connaitre sa religion. Parce qu’on la connaissait, on l’aimait, on la croyait et on la pratiquait. Depuis quarante ans, tout est changé. Pénétrez dans n’importe quelle maison de village, dans n’importe quelle ferme, tout le monde se vante de savoir lire couramment. Mais que lit-on  ? Romans, feuilletons, revues illustrées, journaux ont seuls les honneurs de la bibliothèque, si elle existe. Il n’y a plus de place pour ces bons vieux livres qui avaient servi à l’éducation chrétienne de plusieurs générations : ces précieuses reliques n’existent plus  ! Plus de ces réunions familiales, dès lors, où les pères et les mères se faisaient les instructeurs de leurs enfants  ! Quant aux réunions paroissiales, où chacun venait recueillir son petit butin de la parole de Dieu, elles sont bien désertées. Si l’on se décide d’aller encore à la messe, c’est par habitude  ; mais l’on voudrait bien que le Pasteur ne montât pas en chaire et ne fit ni prône, ni sermon. Comment de semblables chrétiens connaîtraient-ils leur religion  ? Ils en ignorent les premiers éléments  ; et parce qu’ils l’ignorent, ils ne l’aiment pas  ; ne l’aiment pas, ils ne sauraient la pratiquer. Le paganisme n’a qu’à se présenter, il sera la bienvenue avec ses sourires, ses promesses trompeuses, la liberté de ses opinions et la licence de son moral. Mes chers Paroissiens, réfléchissez sérieusement à ce que je vous écris dans cette lettre-chronique. Si vous ne voulez pas, vous-mêmes, verser dans le paganisme le plus honteux, commencez par vous instruire sur cette belle religion chrétienne, qui vous a admis au nombre de ses enfants, au jour de votre baptême. Plus vous la connaîtrez, plus vous l’aimerez et plus vous la pratiquerez.
 Votre curé : Henri BLANC.

P.S.– J’ai communiqué à plusieurs membres de l’Association catholique de Caderousse, un projet que je caresse depuis que je suis parmi vous : celui de faire l’histoire de notre pays, depuis sa fondation. J’ai rassemblé à peu près tous les documents nécessaires  ; et je serai prêt à faire paraître dans le Petit Caderoussier, dès le mois de février, les premières pages de cette histoire. J’y mets cependant une condition, et c’est pour cela que j’ai voulu consulter ces Messieurs de l’Association : les abonnements devront être un peu augmentés, à cause du nombre de pages qui nous seront réservés dans le bulletin.
Voici ce qu’ont décidé ces Messieurs :
Les abonnés des Croix du Dimanche et du Comtat payeront 4 fr. 00. – Les abonnés du pays au Caderoussier seul, payeront 6 fr.00. – Les abonnés étrangers payeront 8 fr 00.
 H. B.

STATISTIQUE PAROISSIALLE
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Mariage. – Le24 octobre, Mr Léopold Crégut a épousé Mlle Yvonne Roche, congréganiste de la Sainte Vierge. La bénédiction nuptiale fut suivie de la messe pendant laquelle les choristes exécutèrent de pieux cantiques. Aux nouveaux époux nous adressons nos meilleurs vœux de bonheur.
Baptêmes. – Le 11 octobre, Marcel Dupeyre, fils d’Olivier Dupeyre et de Marie-Jeanne Albannetto. – Le 11 octobre, Julien Louvin, fils de Constant Louvin et de Jeanne Cappeau. – Le 29 octobre, Yves Cuer, fils de Paul Cuer et de Léona Rigaud demeurant à la Perran.
Décès. – Le 18 octobre, Angèle Point, décédée à l’âge de 77 ans, après une longue maladie.
Morts d’il y a un an. – Le 18 décembre, Marie Chamary, 74 ans.- Le 31 décembre, Etienne Avignon, 67 ans.- Le 3 janvier, Joseph Bouchier, 87 ans.

CHRONIQUE RELIGIEUSE
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Fêtes de la Toussaint. – Favorisées par un temps superbe, nos fêtes de la toussaint ont été très belles et très consolantes. A la première messe, les communions furent très nombreuses. Après les Vêpres des morts furent chantées dans la chapelle de St Martin, ensuite eut lieu la bénédiction des tombes, suivie du chant de l’absoute. Durant l’octave les cérémonies furent très bien suivies, matin et soir une nombreuse assistance vint prier pour ses chers disparus.
Le vendredi 6 novembre eut lieu le service anniversaire pour les soldats morts pour la France. L’absoute fut donnée dans la chapelle du Sacré-Cœur, où sont inscrits les noms de nos soldats morts au champ d’honneur.

Echos et nouvelles

- Le 25 octobre, un berger amenait des moutons chez Mr Andrien Roche, lorsque le troupeau se dispersa dans le pays. Un des moutons pénétra dans une cour et montant à des escaliers se trouva sur les toits où il resta toute la journée. Après avoir pris beaucoup de peine on finit par le rattraper.
- Le 27 octobre, Mme Emilie Ayel se rendait à Orange en voiture, lorsque la roue se leva. Il n’y eut aucun accident.
- Le 1er novembre, des voleurs s’introduisirent dans la ferme habitée par Mr Maurice Simon au quartier de la Bonamourde, et emportèrent, un tonneau de vin, deux sacs de blé, des pommes de terre, et une quinzaine de poules.
- Cette année, la cueillette des champignons n’a pas été très abondante.
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Le Sang des Religieux
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Voici une protestation dont personne n’osera contester l’opportunité.
Nous la dédions à tous ceux chez qui la haine du religieux et de la sainte cause qu’il représente a survécu à toutes les leçons du passé pourtant si éloquentes.
Le sang des religieux vient de couler en Syrie.
Le 26 Juillet, incorporés depuis douze jours à peine, 68 d’entre eux mobilisés sur place, étaient envoyés en colonne pour débloquer Soueida et prenaient part à une bataille sanglante. Nous ne connaissons pas encore le chiffre exact des morts. Car là-bas, en conformité sans doute des règles stratégique et tactiques toutes nouvelles, on rend publiques les victoires que l’on espère obtenir un jour, alors qu’on garde le plus rigoureux silence sur les échecs régulièrement acquis et consolidés. Nous savons seulement, par des lettres particulières, que plusieurs de ces religieux ont été tués, plusieurs blessés, et que plusieurs ont été proposés pour des citations élogieuses.
Ces faits appellent quelques réflexions de la part des anciens combattants de la D.R.A.C.
Nous étonnerons-nous qu’on ait envoyé au combat, après quelques jours seulement d’instruction militaire, des hommes qui ne savaient pas même comment se charge un fusil  ? Non. Il est des circonstances où le salut public est la règle suprême, et c’est bien sincèrement que nous plaignons le haut commandement d’avoir été réduit à de telles extrémités. Nous n’avons jamais rien vu de pareil, nous autres, même aux plus mauvais jours de la grande guerre, et nous en déduisons, logiquement, que le Druse est un adversaire autrement redoutable que l’Allemand.
Par contre nous sommes fondés à dire :
Les religieux que certains affirment n’avoir jamais rencontrés dans une tranchée, voilà qu’ils répondent à ces calomnies et non avec des discours : mais par le sang versé, les cadavres, les actions d’éclat de leurs jeunes confrères.
Les supérieurs des Congrégations avaient-ils donc prévu les désordres qui allaient se produire en Syrie  ? Avaient-ils choisi pour les écoles syriennes des professeurs particulièrement ardents et valeureux  ? Et si cette supposition parait invraisemblable la conclusion suivante s’impose :
Les religieux, aussi bien sur le front allemand que sur le front syrien, ont fait jusqu’au bout leur devoir, tous sont des français de première zone. Les traiter en parias en leur refusant les libertés dont jouit chaque citoyen même amnistié, c’est choquer la raison de tout homme qui a dans le crâne une once de matière pensante.
 Jacques PERICARD
 Président de la ligue D.R.A.C.
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UNE CATACOMBE MENACEE D’EFFONDREMENT
Les Romains ont appris, avec beaucoup de peine, que la catacombe dite Sainte Agnès – car c’est dans l’endroit où Dioclétien fit martyriser la jeune chrétienne qu’elle s’étend – est menacée par un éboulement.
En effet, la route qui passe au-dessus s’est effondrée sur une vingtaine de mètres. L’éboulement a la profondeur de 16 mètres.
Des ingénieurs sont accourus pour tâcher de limiter l’extension de la catastrophe.
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Le Culte Catholique
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Apostasie complète – Le Culte de la Raison – (suite)
Déjà le 1à août 1793, le culte de la Nature avait été inauguré à l’occasion de la publication de la Constitution dite de 93.
La nouvelle divinité était représentée par une idole colossale, dressée sur l’emplacement de la Bastille  ; elle était costumée en Egyptienne et versait de sa mamelle une eau pure et abondante. Hérault de Séchelles s’étant improvisé grand prêtre de la déesse, l’invoqua en ces termes d’une phraséologie pompeuse et ridicule : ‘Souveraine des sauvages et des nations éclairées, ô Nature  ! Ce peuple immense, rassemblé aux premiers rayons du jour devant toi, il est libre. C’est dans son sein, c’est dans tes sources sacrées qu’il a recouvré ses droits, qu’il s’est régénéré après avoir traversé tant de siècles d’erreurs et de servitude etc… Puis on but à la ronde de cette eau pure dans une coupe de forme antique.
Mais le culte de la Nature, où l’on s’enivrait d’eau pure et d’emphase fut bientôt remplacé par celui de la Raison, bien plus au niveau des facéties du temps, vrai triomphe de la bestialité. Le Père Duchêne en était l’initiateur. De l’adoration du plâtre et du bois, on en vint à l’adoration de la chair vivante. Pour déifier la raison humaine, Hébert et Chaumette ne trouvèrent rien de mieux que de ramasser dans la boue une danseuse, une femme perdue, la Maillard, et de l’asseoir demi-nue, en bonnet rouge et la pique au poing sur l’autel de Notre-Dame, à la place de la ci-devant Sainte Vierge. Les parfums de l’encens se mêlèrent à la fumée des brule-gueules et à la buée des victuailles  ; les refrains obscènes et les patriotiques luttèrent avec l’orgue, et les tambours accompagnaient les hymnes de circonstance  ; les ciboires s’emplirent d’eau de vie, les patènes de saucissons  !
La déesse fut portée à la Convention par son ignoble cortège  ; son pontife le père Duchêne la présenta comme ‘un chef-d’œuvre de la nature’. Le président la fit asseoir à ses côtés et lui donna l’accolade au nom de tout le peuple français. Les Montagnards enthousiasmés se mêlèrent aux tricoteuses et aux sans-culottes dans les danses sacrées de la Carmagnole et du Caira. La Convention décréta que le peuple de Paris avait bien mérité de la Patrie en donnant ce grand exemple à l’univers. Puis la déesse fut ramenée à son temple par la plupart des députés, et la fête recommença pour ne s’achever que dans l’orgie de la nuit.
Quelques jours après, en l’honneur de l’émancipation des noirs, Notre-Dame vit se renouveler les mêmes scandales : Chaumette y danse toute la nuit, au son de 300 instruments, des rondes avec des négresses.
Ce culte de la raison, ce culte qu’on eût pu croire inventé à St Lazare ou à Charenton, dure plusieurs mois et s’impose dans toute la France, des jeunes filles honnêtes furent même parfois forcées de représenter la déesse.
C’était avec de telles bacchanales, qualifiées par le sombre Robespierre de ‘farces éternellement ridicules’ que 93 prétendait honorer la raison et remplacer le christianisme  !
 (A suivre)
 P. Le BRUN, c.d.
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 Conte de l’Armana prouvençau
LI ROUNDELLO DE SAUSSISSOT
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I’ avié à Lourmarin la famiho Savournin qu’èro richo mai avaro, e la famiho Duclos qu’èro pas richo mai voulié faire semblant de l’estre.Enco di Savournin coupavoun lou saussissot à roundello menudo  ; enco di Duclos lou coupavon à roundello espesso.
Moussu Savournin disié à soun doumesti : ‘Moun ami, li trancho dou saussissot coupado menudo soun bèn meiouro  ; e lou doumesti qu’èro pas bèsti ni fièr de respondre : Mai moussu, èi pas juste que lou varlet mange eitant bon que lou mèstre, siéu pas groumand, dounas-me-lei espesso.
Es bèn talamen ansin, que quand anavias croumpa voste saussissot enco dou bouchié de Lourmarin la patrouno vous disié : - Voulès li trancho à la Savournino vo bèn à la Ducloto, pèr dire li voulès menudo vo espesso.
 LOU CASCARELET 10
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Vouloir c’est Pouvoir

- Allons, mon chéri, prends ta potion.
- Je ne peux pas.
- On peut toujours ce qu’on veut, mon bébé chéri.
- Alors, je ne veux pas.

EPITAPHE D’UN HORLOGER

Ci-gît X…, dans une position ‘horizontale’, en son vivant horloger. L’honneur fut le ‘ressort’ de sa vie et le travail le ‘régulateur’ de son temps. Ses mouvements étaient bons  ; la crainte de Dieu et l’ de Dieu et l’amour du prochain furent toujours le ‘remontoir’ de sa conduite. Il vécut heureux jusqu’au moment où le grand ‘horloger’ de l’univers jugea à propos de briser la ‘chaine’ de ses jours, ce qui lui arriva à l’âge de 57 ans.
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Prise au mot
Paul, qui n’aime que la belle musique, a trouvé le moyen, aussi brutal qu’ingénieux, de faire taire la médiocre musicienne d’un salon où il est reçu.
- Vous êtes une grande pianiste, dit-il, à la demoiselle qui met tous ses auditeurs au supplice.
Celle-ci répond orgueilleusement :
- Mon Dieu, oui… Je fais ce que je veux de mon piano.
Et Paul de s’écrier, alors :
- Est-ce que vous pourriez le fermer  ?
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Dans ce mois de Décembre
— : —
N’oublions pas de célébrer le plus chrétiennement possible la fête de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge (8 Décembre) et surtout la grande fête de Noël (Vendredi 25)
Vous, en particulier, petits enfants, songez déjà à la jolie petite crèche que vous allez faire dans votre maison. Que les santons y soient bien arrangés : mais surtout que le petit Jésus devienne de plus en plus le modèle que vous chercherez à imiter  !
Essayez, de temps en temps, de vous demander à vous-mêmes : ‘Que ferait en ce moment l’enfant Jésus, s’il était à ma place  ?’ Vous verrez comme il vous sera facile de devenir bien sage et bien obéissant…
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Nota – Quand la fête de Noël tombe un vendredi (comme cette année) il est permis de manger de la viande. La veille de Noël est un jour de jeûne et d’abstinence.
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Dimanche 6 Décembre, c’est la fête de St Nicolas, patron des petits enfants. A cette occasion nous pensons être agréables à nos lecteurs en reproduisant ci-après la naïve légende qui se chante sur un air populaire très connu :
La légende de Saint Nicolas
Refrain
 Il était trois petits enfants
 Qui s’en allaient glaner aux champs

 S’en vont un soir chez un boucher :
 - Boucher, voudrais-tu nous loger  ?
 - Entrez, entrez, petits enfants :
 Il y a d’ la place assurément  !

 Ils n’étaient pas si tôt entrés
 Que le boucher les a tués,
 Les a coupés en p’tits morceaux,
 Mis au saloir comme pourceaux  !

 Saint Nicolas, au bout d’sept ans,
 Vint à passer dedans ce champ.
 Il s’en alla chez le bouchez :
 - Bouchez, voudrais-tu me loger  ?

 Entrez, entrez, saint Nicolas :
 Il y a d’la place, il n’en manqu’ pas.
 Il n’était pas plus tôt entré
 Qu’il a demandé à souper.

 - Grand Saint, voulez-vous du jambon  ?
 - Je n’en veux point, il n’est pas bon.
 - Grand Saint, préférez-vous du veau  ?
 - Je n’en veux point, il n’est pas beau.

 Du p’tit salé je veux avoir,
 Qu’il y a sept ans qu’est dans l’saloir  !
 Quand le boucher entendit ça,
 Loin de sa porte il s’enfuya.

 - Boucher, boucher, ne t’enfuis pas  !
 R’pens-toi, Dieu te pardonnera.
 Saint Nicolas alla s’asseoir
 Dessus le bord de ce saloir.

 - Petits enfants qui dormez-là,
 Je suis le grand saint Nicolas.
 Et le saint étendit trois doigts :
 Les petits se r’lèvent tous les trois.

 Le premier dit : - j’ai bien dormi  !
 - Et moi, dit le second, aussi  !
 Et le troisième répondit :
 - Je croyais être en paradis  !...
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Nosti viei ditoun
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- Lou chin japo : i’a quaucun.
- Chin noun es lebrié que noun ague pres lèbre.
- Autant japon 1er chin blanc coume li chin negre.
- Quau amo Martin – Amo soun chin.
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Le Petit Sou
— : —
C’est lui aujourd’hui, le délaissé, le méprisé.
Jadis, un sou, c’était… un sou  !
Quand on avait un sou dans sa poche, on avait quelque chose – pas les cinq sous du Juif errant – mais un sou tout de même.
Derrière ses camarades, et loin des yeux du surveillant, le collégien en promenade s’attardait pour acheter un sou de marrons en hiver, un sou de ‘frites’ en été…, un sou de cigarettes en toute saison.
Le petit Savoyard, sa marmotte entre les bras, chantait ‘emmi’ la neige :
 Un petit sou me rend la vie.
Aujourd’hui, un petit sou ne lui rendrait plus la vie.
En effet, il n’y a plus en France, une seule marchandise, un seul objet, qui se vende UN SOU.
Plus un  !... cherchez…  ?
Même le petit pain d’un sou, si savoureux jadis, le matin, chez les boulangers, n’existe plus.
Même, comme pourboire, on n’ose plus l’offrir, le pauvre sou. Je vois d’ici l’œil torve et la moustache hérissée d’un chauffeur à la vue d’un petit sou  !
- Mais, dites-donc, vous…, pour qui me prenez-vous…  ?
Même l’aveugle aurait une épithète intérieure peu courtoise en voyant tomber au fond de son melon le petit sou de nos pères.
Pauvre sou…, les temps sont durs  !
Durs pour lui et même pour ses deux immédiats voisins.
Jadis, quand un prêtre installait un Arbre de Noël, il trouvait dans les bazars tout un rayon spécial d’objets à un, deux… trois sous. On n’avait là que l’embarras du choix. Cuillers, fourchettes, tire-bouchons, dessous de plats, ronds de serviette, plumes, crayons, encriers, coquetiers, etc… Le tout assez solide pour résister aux ‘brise-fer’ des enfants.
Allez chercher cela aujourd’hui  !...
 *
* *
Pourtant, je me trompe.
Il reste encore un endroit où le petit sou non seulement trouve son utilisation, mais s’offre sans embarras…, un endroit où sa minimisé est acceptée avec reconnaissance…, un lieu qui est, et restera toujours, son suprême refuse…
Vous avez deviné…  ?
- Parfaitement…, me répondrez-vous, c’est… la quête  !
Et vous avez raison.
Ce qu’on n’ose donner à personne, on le passe à Dieu.
Pauvre Dieu, il n’est pas difficile  !...
Lui, l’être infiniment délicat… lui, l’artiste qui cisela les fleurs…, lui qui, au-delà de l’unique lépreux reconnaissant, cherchait les neuf autres…, lui, qui défendit contre Judas la folie sainte du parfum précieux de madeleine…, il accepte les restes d’une vie dont personne ne veut plus… Il accepte aussi le sou qu’on n’ose plus repasser à personne.
 *
* *
Et il en est infiniment reconnaissant à ceux qui, à la rigueur, pourraient ne rien lui donner du tout : car ils sont les malheureux de ce monde…, ils sont les nouveaux pauvres qui, parfois, sous des fourrures anciennes, ont la pudeur de cacher leur misère nouvelle.
Mais les autres  !...
Mais ceux qui, au fond du sac joli, ou du porte-monnaie cossu, vont difficultueusement, avec des doigts gantés, chercher le sou…, le tout petit sou qui se sauve…, qui se cache sous les grosses pièces, ou dans le pli des billets bleus, comme s’il pensait en son âme de bronze, et avec un peu de honte : ‘Vraiment, non, mon Dieu…, je suis trop petit pour vous  !...
- Jamais trop petit  !... Et tu as beau te cacher, on t’aura tout de même  !..., murmure le baptisé.
Et les doigts énervés le poursuivent, le traquent, le bloquent, le saisissent et le jettent vite au fond de la pauvre bourse.
- Pour Dieu  ? Voici  !...
 *
* *
Au moment où chaque paroisse a, comme vous, à lutter contre la difficulté des temps, méditez sur ce sou unique, sur son impuissance et sa tristesse.
Pauvre quête du dimanche… bras tendu du Christ pour soutenir armature de son église et toutes les œuvres qui en dépendant, combien tu dois être pieusement chère à tous les cœurs chrétiens  !...
Tu es la première dette…, la dette sacrée…
Tu es le geste pro aris… pour les autels  !... que nos pères plaçaient avant leurs foyers propres… Pro aris et focis.
Tu es le pain de chaque jour… et aussi la grande indicatrice de la ferveur d’une paroisse : les mariages et les convois ne dépendent de personne : mais la quête dépend de tout le monde.
Tu es l’effort régulier, constant, qui indique la volonté surnaturelle de vivre et la fierté de rayonner.
Bienheureuses les familles chrétiennes qui comprennent cette silencieuse vérité, dont il est, localement, délicat de parler.
Bienheureuses celles où le père, la mère, les enfants – même les tout petits – donnent, en sachant la valeur auguste de leur geste.
Un grain de sable…, une goutte d’eau ne sont rien. L’ensemble fait les deux plus grandes puissances d’ici-bas : le désert et l’océan. *
* *
Quand nous paraîtrons devant Dieu, nous ne serons riches que des choses données avec une pensée surnaturelle.
- Monsieur le Curé, ma tante était une femme de beaucoup d’esprit. Elle a en d’abord celui de me faire son héritier, et ensuite celui de mourir juste au moment des nouveaux tarifs…, me disait, à Chaillot, un gai petit jeune homme au lendemain de la Séparation.
Cette tante laissait un million à ce neveu qui, jamais, ne lui fit dire une seconde messe.
Elle n’a trouvé là-haut, dans la balance, que les sommes versées à Dieu…, sa quête des dimanches et son Denier du Culte, soit :
Dieu : 100 francs…, plus 56 sous par an (52 + 4).
Neveu : 1.000.000 de francs, avec lesquels il fit une bombe à tout fracasser.
Et j’ai souvent rêvé, en évoquant le souvenir de cette femme, qui était bonne pourtant, à tout le bien qu’elle aurait pu faire en changeant, d’un trait de plume, les deux destinataires de ses largesses. *
* *
Conclusion : le petit sou est… le petit sou.
Devant Dieu, ce petit sou, quand il est l’effort du pauvre, ou le denier de la veuve, resplendit comme un or inestimable.
Mais lorsqu’il est la miette infime d’un grand festin, oh  ! Ne le mettez pas seul dans la main tendue de vos prêtres.
Car Celui qui a créé toutes les délicatesses de l’amour les possède à un degré infiniment plus grand.
Car vos ‘invisibles’ vous voient…, ceux qui firent ou préparèrent votre aisance ou votre fortune.
Et sachant que vous pouvez tellement plus, et tellement mieux, ils voudraient, là-bas, que vous compreniez, et être fiers de vous.
Et puis, eux qui savent, ne peuvent pas ne pas songer à la parole fatidique : Eadem mensura… la même mesure…
 Pierre l’ERMITE.
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 L’Armana prouvencau
 L’ENFANT JEUSE
 
Moussu e Madamo Roumiéu avien un brave e charmant pichot. Pèr lou jour de l’an, tre se reviha, après s’estre douna lou bonjour, moussu Roumiéu prenguè lou pichot e lou couchè dins lou grand lié entre sa femo e éu.
La tanto de l’enfant qu’èro la sorre dou papa, venguè de bono ouro souveta la bono annado en touti, e vesènt lou pichoun au mitan dou lié ié diguè :
‘Mai que fas aquito, pichoun  ?’
E l’enfant, countènt e risoulet, respoundeguè : ‘Siéu eici coume l’Enfant jeuse coucha entre l’ase e lou bieu’.
 Lou CASCARELET - 10

Le coin des Chercheurs
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I. – Réponse aux devinettes de Novembre

N° 96 : Enigme : Un rayon de soleil.
N° 97 : Calembour : Le meilleur moyen de trouver un mari, c’est de conjuguer un verbe, parce qu’on est certain d’y trouver un futur.
N° 98 : Devinette : C’est la langue et les trente-deux dents.
 

II. - Nouveaux jeux d’esprit

N° 98 : Enigme (Par Mélanie de Violès)
Je l’ai vu vivant, je l’ai vu mort  ; je l’ai vu courir après sa mort.
N° 99 : Devinette (par un jeune astronome)
Qu’est-ce qui ressemble le mieux à la moitié de la lune  ?
N° 100 : Calembour, (par une ennemie de la vie chère)
Quel est le moyen d’avoir en hiver un logis chaud sans y allumer de feu  ?
N° 101 : Différence, (envoi d’un employé du P.L.M.)
Quelle différence y a-t-il entre un voyageur et la gare où il prend le train  ?

 FIN

Impr. Bonne-Presse du Midi – Vaison Le Gérant N. MACABET